Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/285

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Le froid noir, c’est moi qui le brave,
Car seule, en ce moment, j’ai chaud.
Et folle, ayant quitté la cave
Du charbonnier, sombre cachot,
Je me chauffe dans un brasier
Aussi vermeil que le rosier.

Chacun s’affuble de mitaines.
En proie à l’Hiver, ce bourreau,
Blanches, les muettes fontaines,
Oubliant de verser leur eau,
Avec un faste oriental
Ont de grands plumets de cristal.

Ne pouvant porter de voilettes,
Les messieurs tristes, dont les nez
Ressemblent à des violettes,
Regrettent parfois d’être nés
Ailleurs qu’au pays où Brazza
Dans l’air enflammé s’embrasa.