Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/58

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Devant le glorieux, le roi, le triomphant.
C’est ainsi qu’elle l’aime, enfant, petit enfant ;
Elle le voit toujours enfant, ainsi qu’elle ose
L’adorer. Tout petit, frêle comme une rose,
Il est déjà bonté, clarté, lumière, espoir ;
Il ressemble au parfum qui s’exhale du soir.
Ce roi du ciel, orné des grâces adorables,
Aime divinement les êtres misérables
Et les console avec son regard plein d’azur.
C’est ainsi que le voit l’humble fille au cœur pur.
Elle demeure là pendant de longues heures,
L’œil allumé par des clartés intérieures,
Et dit, toute livrée à l’éblouissement :
Ô mon Roi, ta parole est un vagissement ;
Ta douce chevelure est une vapeur blonde ;
Et cependant, c’est toi qui règnes sur le monde
Et tu souris, vainqueur, sous ta couronne d’or.
Un souffle triomphal au fulgurant essor
Passe et frémit, ô Roi, dans l’azur de tes voiles,
Et tu poses tes pieds divins sur les étoiles.
Ils sont tout pleins de toi, les vastes firmaments
Pavés d’astres de flamme et de blancs diamants ;
Et devant toi, courbés comme des moissons mûres,
Les Anges revêtus d’invincibles armures,