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Page:Banville - Hymnis, 1880.djvu/33

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Enfin, pour dernier trésor
Dans ses yeux il mit des larmes.


Si vous voulez être adorés,
Beaux yeux, c’est le moyen, pleurez !
Moi, je ris. Nature, ô ma mère !
Fou qui trouve la vie amère,
Lorsque, pour nous charmer, les Dieux
Ont fait le chant mélodieux
Et le vin de pourpre et le rire.

On entend vaguement au lointain les voix des jeunes filles samiennes qui chantent un hymne à Cypris.

Quel est ce doux bruit qui m’attire ?
Ô toi, qui domptant le vautour,
Mets le même frisson d’amour
Dans les ailes et les corolles,
Et qui courbes les herbes folles !
Ô Reine qu’appellent nos vœux,
Toi qui souffles dans nos cheveux
Et qui transfigures notre être,
Aphroditè, désir de naître,
C’est toi, Déesse aux pieds légers,
Que nomment sous les orangers,
Unissant leurs chansons aux miennes,
Les jeunes filles samiennes.
Blanche perle du flot dormant,
Elles chantent folâtrement