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Page:Banville - Hymnis, 1880.djvu/56

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L’ingrat tout à l’heure
M’en fait repentir :
Cependant je pleure
De le voir partir !

ÉROS.

Sans craindre ma rage,
Ce poëte enfant
Jetait son outrage
Au dieu triomphant !
Mon arc tout à l’heure
L’en fait repentir :
Cependant il pleure
De me voir partir !

HYMNIS.

Venu dans l’orage,
Ce divin enfant
A rempli de rage
Mon cœur triomphant !
C’est moi tout à l’heure
Qui devais partir :
Mais l’ingrat qui pleure
Va se repentir !

Anacréon se tourne vers Éros, comme pour tenter encore de le retenir, mais le dieu l’accueille d’un rire ironique et s’enfuit. C’est alors seulement que le poëte aperçoit Hymnis, dont l’air exalté et la sauvage parure le frappent d’une douloureuse terreur.