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SEPTIÈME DOUZAINE



LXXIII. — UNE MAUVAISE AFFAIRE

Telle que l’a costumée Prudhon, avec sa robe étroite et son caloquet à la grecque, la marchande d’Amours, tenant sa cage à la main, passe dans la rue d’Aumale, où la gracieuse Aurélie Flament prend le frais, assise à sa fenêtre du rez-de-chaussée.

— « Ma belle demoiselle, dit la marchande, achetez-moi un Amour, deux Amours ! Ils sont gentils, heureux, fidèles, doux comme l’agneau qui vient de naître, et je vous les céderai à bon compte. »

La rieuse fille regarde la cage et tous ces enfants ailés qui voltigent sur les frêles bâtons. Elle admire leurs yeux innocents, leurs cheveux pareils à un brouillard d’or, leurs jolies petites poses, leurs corps dodus, leurs membres gras, leurs ventres de financiers, leurs fesses roses, et toute leur chair avenante et fraîche, trouée de mille fossettes.