Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/177

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une guirlande de vignes, le bon vieux père Loze, en attendant le vrai repas, fait son petit goûter. Sous son couteau s’effondre et diminue peu à peu un château fort éventré, qui est un pâté de poires à la crème, et soulevant sa dame-jeanne au large flanc qui tient cinq ou six litres, il emplit fréquemment son énorme verre de cristal gravé, digne d’être comparé à la botte de Bassompierre.

— « Eh bien ! mon cher voisin, dit, en entrant, au vieillard, son jeune ami Jean Saphore, comment vous trouvez-vous ce matin ?

— Mais, dit le père Loze, maigre, tanné comme un cuir de Cordoue, superbe dans son habit de chasse, vous le voyez, je suis encore vert et je porte bien mes quatre-vingt-trois ans. Bien que j’aie laissé deux doigts à la bataille, je suis assez sûr de mon coup de fusil ; et hier, avec mon brave chien Darius, j’ai tué six perdrix et deux lièvres, dans le taillis de Chantelaube. J’ai bon pied, bon œil, l’appétit persiste. Il n’y a qu’une chose qui ne va plus très bien : c’est les femmes. Je ne sais pas pourquoi ! »


CV. — CONFESSION

Vers deux heures du matin, chez Hill’s, Séraphine Disse est assise à une table, toute seule, expressément seule. Elle mange des India pickles à la moutarde pareils