Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/35

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Et il se redresse alors, fier en son légitime orgueil, car de Maistre l’a glorifié, et il est celui qu’on désigne féodalement par un nom de ville, comme un prince du sang, — qu’il est en effet, puisque la Loi sociale invente parfois de tels jeux de mots, nets et saignants comme le tranchant du couperet !


IX. — L’AIR

« Lâchez tout ! » s’est écrié le capitaine du Léviathan, le bon Delgy, roux comme Adam et Ève, et on a tout lâché, et comme un oiseau qui d’abord hésite, puis s’élance en plein ciel, l’aérostat géant s’est envolé au-dessus des maisons, des campagnes et des arbres, avec une formidable joie. Les passagers sont Ogier de Lémicourt, Guy de Vauqueleur, — car là, comme partout, la noblesse donne et se donne ! — et le peintre Gariel, qui aura du plein Air puisqu’il en veut, et le spirituel Vens, et quelques autres encore, et parmi eux est la belle petite princesse de Cytre, cette Laure adorable, qu’on aurait dû payer pour avoir une pareille compagne de voyage, mais qui au contraire a acheté à beaux deniers comptants le droit d’aller se mesurer de près avec les étoiles.

Oh ! quelle impression de bien-être, de rafraîchissement, de délivrance, lorsqu’on échappe si complètement