Page:Banville - Les Parisiennes de Paris.djvu/176

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3° A mademoiselle Céliane Vion, ma femme… »

En entendant ces mots, je regardai l’armoire fermée, et la clef dans la main de Vandevelle, et, par une pensée soudaine, je devinai ce qu’était devenu l’argent emprunté par Margueritte mourant. Je compris, oh ! je compris bien tout de suite que, par un pieux effort d’amour, il avait voulu donner une dernière fois à Céliane la seule chose qu’elle aime, des joyaux !

« 3° A mademoiselle Céliane Vion, ma femme, ce que contiendra ladite armoire au jour de mon décès. »

Vandevelle remit la clef à la mère en pleurs, qui la tendit à Céliane. Celle-ci se précipita vers l’armoire, sa proie, et l’ouvrit convulsivement. Ce qu’il y avait dans l’armoire, c’étaient bien des joyaux, en effet ! Le flacon où Margueritte puisa la vie et la mort avait disparu, et à la même place il y avait un écrin de velours bleu tendre. Céliane l’ouvrit, y plongea ses mains frémissantes, et fit déborder à l’entour une magnifique parure de topazes, si semblables pour la couleur à l’eau-de-vie dorée de flammes qui avait été là si longtemps ! On eût dit que l’eau-de-vie elle-même était devenue ces pierreries, qui, flamboyantes, sinistres, pleines de reflets sanglants, enflammées et menaçantes, ruisselaient de l’armoire.