« La réputation de talent d’une ingénue au théâtre, est en raison directe de sa réputation d’ingénuité à la ville. »
« Ces quelques mots ne te disent-ils pas toute l’horreur de ma vie ?
» Si elle a plus de dix-sept ans,
» Si elle prend un amant,
» Si elle se marie,
» Si elle se montre coiffée à la Russe,
» Si elle cesse une minute de s’habiller en baby et de parler gnan-gnan,
» Si ses cheveux brunissent,
» S’il lui vient, comme à tout le monde, des bras et des épaules, et le reste ; si ses mains s’achèvent,
» Si on la rencontre dans la rue donnant le bras à un ami de son père (ce qui arrive aux plus honnêtes jeunes filles),
» Enfin,
» Si elle est soupçonnée d’en savoir plus qu’Agnès,
»Et d’avoir lu autre chose que les Contes de Perrault et Paul et Virginie,
» L’ingénue n’existe plus, le théâtre n’en veut plus, les auteurs n’en veulent plus, les journaux n’en veulent plus, elle n’a qu’à faire ses malles et à aller jouer les duègnes en province !
» Pour les autres comédiens, quand la pièce est finie, tout est fini. M. Beauvallet n’est pas forcé d’être terrible, ni M. Hyacinthe bouffon lorsqu’ils se promènent sur le boulevard ; moi, je ne peux jamais quitter mon masque,