Aller au contenu

Page:Banville - Nous tous, 1884.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
NOUS TOUS.


Le vent rougit leurs omoplates.
On voit de leurs mornes savates
S’évader, comme un noir filou,
Le pied nu de ces vagabondes,
Et leurs cheveux, tignasses blondes,
Sont peignés au moyen d’un clou.

Les pauvres traîneuses de loques
Ont admiré les belles toques
Et les blonds cheveux des garçons,
Et contemplent, un peu jalouses,
Le velours doré de leurs blouses,
Où le zéphyr met des frissons.

Leurs prunelles s’emparadisent.
Mais les beaux petits garçons disent,
Courant, comme de jeunes daims
Parmi le vert gazon des plaines :
Comment laisse-t-on ces vilaines
S’égarer dans les beaux jardins ?