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Page:Banville - Nous tous, 1884.djvu/239

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NOUS TOUS.

Sage pourtant comme une Hélène,
En sa robe de laine,
Et levant toujours vers les cieux
Ses yeux insoucieux,
On dit que la belle princesse
Fume, fume sans cesse,
Regarde naître et voltiger
Le nuage léger
Et se laisse conter fleurettes
Par mille cigarettes.
Humbles rimeurs, nous qui rêvons,
Certes, nous l’approuvons
Dans sa fumerie éternelle,
Et nous faisons comme elle.
Car bien clos, à l’abri des vents,
Songer sur les divans,
Fut toujours une douce chose ;
Respirer une rose,
Nous plaît ; boire un généreux vin,
C’est un régal divin ;
Lire Henri Heine ou Shakspere,
Cela vaut un empire ;
Tout va délicieusement
Pour le cœur d’un amant,