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NOUS TOUS.


Car un jour viendra, jour de jeûne,
Où, le doux printemps ayant fui,
Vous serez jeune, mais moins jeune
Que vous ne l’êtes aujourd’hui.

Lors, pour braver les épigrammes
Et garder les amants épris,
Il faudra des cheveux pour dames ;
Vous savez qu’ils sont hors de prix.

On lui parlait ainsi. Mais elle
Répondit, fugitif éclair :
Merci, messieurs, pour votre zèle ;
J’ai la lèvre rouge et l’œil clair.

Je m’amuse, et la vie est douce ;
Regardez ma petite main.
Je roule et n’amasse pas mousse,
Comme la pierre du chemin.

Et je ris. Être ou ne pas être
Gaie, est la seule question.
Je ne prendrai personne en traître,
Pas même le prix Montyon.