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NOUS TOUS.


XCII

LES TRISTES


Elles passent insolemment
Sur le dur tapis du bitume,
Appelant du regard l’amant
Qui pour un instant s’accoutume.

Comme hier et comme demain,
D’un pas tantôt lent ou rapide
Elles arpentent le chemin,
Calmes comme un bétail stupide.

Leurs corsages voluptueux
Provoquent des épithalames.
Alors des mortels vertueux
Passent, tenant au bras leurs femmes.