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NOUS TOUS.


Les chariots exorbitants,
Sans attendre que Paris dorme,
Ainsi que des Léviathans
L’offensent de leur masse énorme.

Qu’emportent-ils ? N’écrivons là
Aucun mot que le goût rature.
Tiens ! c’est bien malin ! c’est de la… —
Non, c’est de la littérature !

Oui, ce qui naguère engraissait
La Terre où naîtra, de fleurs ivre,
Le délicieux Avril, c’est
Ce qu’on nomme à présent : un livre.

Les lourds chariots, pleins de bruit,
Roulent, hideux, sous la rafale,
Épouvantant l’ombre et la nuit,
Et de leurs sombres flancs s’exhale… —

Ô corolles faisant le guet
Au bord du ruisseau qui murmure !
Aubépine rose et muguet !
Buissons verts où rougit la mûre !