Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nés pour le joug, nous retombons d’un esclavage dans un autre, et qu’après les poncifs classiques il y a eu des poncifs romantiques, poncifs de coupes, poncifs de phrases, poncifs de rimes ; et le poncif, c’est-à-dire le lieu commun passé à l’état chronique, en poésie comme en toute autre chose, c’est la Mort.

Au contraire osons vivre I et vivre, c’est respirer l’air du ciel et non l’haleine de notre voisin, ce voisin fût-il un dieu !

Ici se terminent les quelques observations générales sur le vers français que j’ai essayé de rassembler. J’étudierai maintenant ce même vers appliqué à chacun des genres de poëme, depuis l’Épopée jusqu’à l’Épigramme ; car il ne faut dédaigner aucune forme, dans la poésie non plus que dans la nature, où les infiniment petits ont quelquefois construit les assises d’un continent et bâti des mondes.


________