Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Tout s’est éteint, flambeaux et musique de fête.
Rien que la nuit et nous ! Félicité parfaite !
Dis, ne le crois-tu pas ? sur nous, tout en dormant,
La nature à demi veille amoureusement.
La lune est seule aux cieux, qui comme nous repose,
Et respire avec nous l’air enbaumé de rose !
Regarde : plus de feux, plus de bruit. Tout se tait.
La lune tout à l’heure à l’horizon montait.
Tandis que tu parlais, sa lumière qui tremble
Et ta voix toutes deux m’allaient au cœur ensemble ;
Je me sentais joyeuse et calme, ô mon amant !
Et j’aurais bien voulu mourir en ce moment.

Victor Hugo. Hernani, Acte V, Scène III.


la comédie

Ce qui est vrai pour la Tragédie l’est aussi pour la Comédie. Née comme sa sœur sur le chariot de Thespis, la Comédie ne peut pas plus qu’elle se passer de l’élément lyrique, sous une forme ou sous une autre, et tous les grands génies qui lui ont donné sa forme définitive, Corneille (qui lui laisse comme à la Tragédie le monologue en strophes), Molière, Racine, Beaumarchais, ont tous cherché, chacun à leur manière, Téquivalent du Chœur d’Aristophane. Car, dans la Comédie, le Lyrisme est le repos et l’équilibre de la farce bouffonne poussée à l’excès, comme dans la Tragédie il est le repos et le contre-poids des terreurs extra-humaines. Souvent, dans les