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DIZAIN ECRIT EN VERS DE DIX SYLLABES ET COMMENÇANT PAR UN VERS MASCULIN


Pour ung dixain qae gaingnastes mardy,
Cela n’est rien, je ne m*en fais que rire,
£t fuz tre^aise alors que le perdy,
Car aussi bien je vouloys vous escrire,
Et ne sçavois bonnement que vous dire,
Qui est assez pour se taire tout coy.
Or vous payez, je vous baille dequoy
D’aussi bon cueur que si je le donnoye ;
Que pleust à Dieu que ceulx à qui je doy
Fussent contents de semblable monnoye.

Clément Marot. Épigramme qu’il perdit contre Heleine de Toumon, Épigrammes, lxxxvii. Édition Pierre Jannet.

Le Dizain peut être écrit en vers de huit syl- labes; mais il est bien plus souvent et presque toujours écrit en vers de dix syllabes. Comme le Huitain, il peut commencer indifféremment par un vers féminin ou par un vers masculin. Voici quelle est sa contexture : Le premier vers rime avec le troisième vers. Le second, le quatrième et le cinquièoie vers riment ensemble. Le sixième, le septième et le neuvième vers riment ensem- ble. Le huitième vers rime avec le dixième vers. Le Dizain est certes moins solidement bâti que le Huitain, car il semble en quelque sorte pou- voir se diviser en deux parties, l’une qui finit avec le cinquième vers, l’autre qui commence avec le sixième. Cependant il est si bien conçu,