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Envoy.

Prince, fais amye immortelle,
Et à la bien aymer entens,
Lors pourras dire sans cautelle :
« Mes amours durent en tout temps[1]. »

Clément Marot. Chants divers, XII. Édition Pierre Jannet.

Qu’est-ce que la Ballade ? Je puis maintenant l’expliquer en deux mots au lecteur, qui, au chapitre précédent, a appris à connaître le Dizain et le Huitain.

La Ballade en vers de dix syllabes n’est autre chose qu’un poëme formé de trois Dizains écrits sur des rimes pareilles. Après les trois Dizains vient — non une quatrième strophe, mais une demi-strophe de cinq vers, appelée Envoi et qui est comme la seconde moitié d’un quatrième Dizain qui serait écrit sur des rimes pareilles à celles des trois premiers Dizains.

La Ballade en vers de huit syllabes n’est autre

  1. Si grands que soient les deux poètes auxquels j’emprunte mes exemples de Ballades, j’aurais voulu les prendre, non pas chez eux, mais chez François Villon. J’ai craint de créer à l’écolier des difficultés, en lui citant des Ballades où le vieux langage, les rimes parfois pauvres ou étranges au point de vue moderne et les hiatus l’empêcheraient peut-être de voir clairement le dessin du poëme. Mais François Villon fut et reste le roi, l’ouvrier invincible, le maître absolu de la Ballade. (Œuvres complètes de François Villon, nouvelle édition, revue, corrigée et mise en ordre avec des notes historiques et littéraires par P. L. Jacob, bibliophile. — Dans la Bibliothèque Elzévivienne. Voir aussi l’édition Pierre Jannet, chez Lemerre.)