Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/204

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La Double Ballade. La Double Ballade n’est autre chose qu’une Ballade qui renferme six Dizains sur des rimes pareilles ou six Huitains sur des rimes pareilles, au lieu de trois Dizains ou de trois Huitains seulement dont se compose la Ballade ordinaire, — et qui, communément, ne se termine pas par un Envoi, Je n’en donne pas d’exemple ici, parce que les Doubles Ballades des poètes anciens pourraient sembler obscures, et parce que je n’en trouverais pas d’exemples modernes, sinon chez un poëte que je dois être le premier à oublier.

De tous les poëmes français, la Ballade, simple ou double, est celui peut-être qui offre les plus redoutables difficultés, à cause du grand nombre de rimes pareilles, concourant à exprimer les aspects divers d’une pensée ou d’un sentiment uniques, qu’il faut imaginer et voir à la fois. Mais c’est ici l’occasion de révéler un secret de Polichinelle. Pour la composition de la Ballade, il y a un moyen mécanique d’un emploi sûr, avec lequel on peut impunément se passer de tout génie et qui supprime toutes les difficultés. Il consiste simplement à composer en une fois (sans s’inquiéter du reste) la seconde moitié des trois Dizains et l’Envoi, et en une autre fois la première moitié des trois Dizains, — puis à raccorder