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Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/212

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dront qui ont admiré comment les Coustou et les Coysevox équilibrent toute une figure avec un morceau de draperie et presque avec un ruban désespérément envolé !

2° Le dernier vers du Sonnet doit contenir un trait — exquis, ou surprenant, ou excitant l’admiration par sa justesse et par sa force.

Lamartine disait qu’il doit suffire de lire le dernier vers d’un Sonnet ; car, ajoutait-il, un Sonnet n’existe pas si la pensée n’en est pas violemment et ingénieusement résumée dans le dernier vers.

Le poëte des Harmonies partait d’une prémisse très-juste ; mais il en tirait une conclusion absolument fausse.

Oui» le dernier vers du Sonnet doit contenir la pensée du Sonnet tout entière. — Non, il n’est pas vrai qu’à cause de cela il soit superflu de lire les treize premiers vers du Sonnet. Car dans toute oeuvre d’art, ce qui intéresse c’est l’adresse de l’ouvrier, et il est on ne peut plus intéressant de voir :

Comment il a développé d’abord la pensée qu’il devait résumer ensuite.

Et comment il a amené ce trait extraordinaire du quatorzième vers — qui cesserait d’être extraordinaire s’il avait poussé comme un champignon.