Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/31

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nier mot est terminé par un e muet, ou par un e muet suivi soit d’un s, soit des lettres nt ; on nomme Rime Féminine la rime qui unit deux vers féminins. Ainsi les deux vers suivants :


L’aurore apparaissait ; quelle aurore ? Un abîme
D’éblouissement, vaste, insondable, sublime ;


sont deux vers féminins, et la rime qui les unit est une rime féminine.

De même, les deux derniers vers de ce tercet :


Sion, repaire affreux de reptiles impurs,
Voit de son temple saint les pierres dispersées
Et du Dieu d’Israël les fêtes sont cessées.

Racine. Esther, Acte I, Scène I.

Et les deux vers que voici :


Mais du sang de l’un d’eux les sables se teignirent
Et les rugissements de l’un d’eux s’éteignirent,

Alexandre Dumas. Charles VII Acte I, Scène I.


sont des vers féminins, et la rime qui les unit est une rime féminine.

C’est une règle absolue que, dans les vers féminins, la dernière syllabe du vers, dont l’e muet, seul ou suivi des lettres s ou nt, ne se prononce pas, ne compte pas. Ainsi dans ce vers :

É-tant tout ce que Dieu peut a-voir de vi-si-ble (13),


l’e muet final ne se prononçant pas, la dernière