Page:Banville - Théophile Gautier, ode, 1872.djvu/11

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Ô fils d’Orphée et de Pindare,
Instruit par eux dans l’art des vers,
Qu’elle est belle, en ce siècle avare,
Ton œuvre aux cent aspects divers !

Ta jeune maîtresse la Rime,
Qui fait toujours ce que tu veux,
Te donne, prodigue sublime,
Les diamants de ses cheveux ;

Elle t’offre ces pierreries
Qui semblent transir et brûler,
Et l’on voit leurs flammes fleuries
Dans ton poëme étinceler.

Statuaire, que le vil piège
De la chair appelait en vain,
Tu sais du marbre au flanc de neige
Faire jaillir un corps divin,

Et ravir à la nuit fatale
Son frissonnement enchanté,
Et le vêtir, forme idéale,
D’une invincible chasteté.