Page:Baour-Lormian - Ossian, suivi des Veillées poétiques, 1827.djvu/290

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Ce jour que, dès long-temps, appellent tous leurs vœux,
Le beau jour de l'hymen va se lever pour eux ;
Et cependant Edvin à s'éloigner s'apprête.
Eh quoi ! De notre hymen on dispose la fête,
Dit Azémire en pleurs, et tu veux me quitter ? —
Du devoir le plus saint il me faut acquitter,
Lui répond son amant. Une mère adorée
Ne doit pas embellir cette pompe sacrée.
Tremblante sous le poids et des maux et des ans,
Elle ne peut bénir les nœuds de ses enfans. —
Eh bien, je vais la voir ; je l'entendrai moi-même
Solliciter pour nous la clémence suprême.
Demain, béni par elle, et plus digne de toi,
Demain, avant minuit, j'aurai reçu ta foi.
Il dit, et part. Soudain, plaintive, solitaire,
Azémire ressent un trouble involontaire ;
Mais un plus doux espoir est rentré dans son sein.
Qu'ai-je à craindre ? dit-elle : il reviendra demain.

Des ombres de la nuit déjà tout s'environne :
Azémire au repos, heureuse, s'abandonne,
Et les songes d'amour enchantent son sommeil.
Le lendemain ses yeux, à l'instant du réveil,
S'étonnèrent de voir l'aurore accoutumée
Se montrer sans éclat, sans fraîcheur embaumée :
Un voile triste, sombre, enveloppait les cieux,
Et l'oiseau du matin restait silencieux.
Oh ! Combien Azémire, en son inquiétude,
Accuse de ce jour la longue solitude !