Page:Baour-Lormian - Ossian, suivi des Veillées poétiques, 1827.djvu/292

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D'elle-même s'ébranle, et semble avec effort
Tinter les cris du meurtre et le glas de la mort.
Le vent se lève, gronde autour de ces portiques,
Pénètre, en tourbillon, sous les voûtes gothiques,
Et de l'autel divin renverse tous les feux :
L'horreur sur chaque front fait dresser les cheveux.
Hors du temple aussitôt la foule répandue
Entraîne, dans ses flots, Azémire éperdue.
Tout fuit, tout l'abandonne à ses justes frayeurs.
Mais, que dis-je ? Insensible à force de douleurs,
La vierge, solitaire, errant ainsi qu'une ombre,
Précipite ses pas à travers la nuit sombre.

Non loin du vieux château s'étend un bois obscur,
Muet, impénétrable aux rayons d'un jour pur.
Jamais sous cette voûte immense, ténébreuse,
L'oiseau n'a soupiré sa romance amoureuse ;
Seulement de l'orfraie on entend quelquefois
En sons mourants et sourds s'y prolonger la voix ;
Et le reptile, au pied de ces vertes murailles,
De son corps, en sifflant, promène les écailles.
C'est là, c'est vers ces lieux d'horreur environnés,
Qu'Azémire, adressant ses pas désordonnés,
Porte son désespoir, ou plutôt son délire.
Étrangère à l'effroi qu'un tel séjour inspire,
Elle marche au hasard, lorsque du bois épais
Un hurlement lointain trouble l'affreuse paix :
Il redouble.... il s'approche.... ô surprise soudaine !
Azémire, est-ce Edvin que le ciel te ramène ?