Page:Baour-Lormian - Ossian, suivi des Veillées poétiques, 1827.djvu/295

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profonde,
Des blancs lutins et des sylphes trompeurs
Fixe un moment la foule vagabonde.
« Vous tous, dit-elle, ornement de ma cour,
Sylphes brillants, aimables infidèles,
Illusions, compagnes de l'amour,
Prenez vos luths, et parfumez vos ailes.
Si, tant de fois, votre invisible essaim,
Glissant dans l'ombre aux heures du mystère,
Fit soupirer la vierge solitaire
Et souleva l'albâtre de son sein ;
Si, par vos soins, le miroir de la nue
Qui se colore aux flammes du matin
Lui présenta, dans un riant lointain,
Du jeune amant l'apparence inconnue ;
À la lueur du magique flambeau,
Accompagnez mon nocturne voyage :
Je vous prépare un triomphe nouveau. »
Elle se tut. Dans la troupe volage
Un bruit flatteur doucement circula,
Comme le bruit du mobile feuillage,
Ou de l'abeille aux montagnes d'Hybla.
De ses jardins, odorant labyrinthe,
La fée alors gagne la vaste enceinte.
Là, croît pour elle un arbuste enchanté,
Qui de ses mains autrefois fut planté.
Un charme pur de sa tige s'exhale ;
Un prisme éclate au milieu de ses fleurs,
Et mollement la brise orientale
En fait mouvoir les changeantes couleurs :
Pour l'arroser, de vingt jeunes sylphides
Les urnes d'or se plongent tour-à-tour
Dans le cristal des fontaines limpides.
L'arbre inconnu se nomme arbre d'amour ;
Tout est soumis à son magique empire ;
L'hôte des airs sur sa branche arrêté,
Charmé soudain, frémit de volupté ;