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Page:Baour-Lormian - Ossian, suivi des Veillées poétiques, 1827.djvu/301

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Sous la voûte des pins et des cyprès en deuil,
Tel qu'un spectre échappé des ombres du cercueil,
Il s'avance : nul bruit ne trouble son passage ;
Mais non : un rossignol, transfuge du bocage,
Des arbres de la mort habite les rameaux,
Et de ses chants d'amour console les tombeaux.
L'infortuné frémit : la pierre sépulcrale,
Qui presse de son poids la beauté virginale,
Vient frapper ses regards !..., et lui, pâle, sans pleurs,
En mots désordonnés exhale ses douleurs :
« Une tombe ! Voilà ce qui me reste d'elle !
M'abandonner,.... mourir et si jeune et si belle !
Tout repose ; il fait nuit... nous sommes seuls... c'est moi ;
Tu m'as quitté, cruelle ! Et cependant pour toi
Chaque aurore, de fleurs la tête couronnée,
Se levait, dans le ciel, riante et fortunée,
De mes jours importuns que faire désormais ?
Non, tu n'as pu connaître à quel point je t'aimais.
Oh ! Quel voile funèbre enveloppe tes charmes !
Et ces hommes cruels me reprochent mes larmes !
Contre mon désespoir je les vois tous s'unir ;
Tous veulent de mon cœur chasser ton souvenir.
Moi, t'oublier... jamais... » Il dit : serment frivole !
Avec rapidité le temps fuit et s'envole.
Cet amant consolé des maux qu'il a soufferts,
Parjure envers sa foi, brigue de nouveaux fers,
Et craignant de la mort la leçon salutaire,
Il ne visite plus la tombe solitaire.