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Page:Baour-Lormian - Ossian, suivi des Veillées poétiques, 1827.djvu/310

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Qui des mondes lointains me cachait la grandeur.
Perdu dans ces rayons d'éternelle splendeur,
Je m'égare à travers des soleils innombrables,
De vie et de chaleur foyers inépuisables.
Que vois-je ! Un long espace, un désert enflammé !....
Sans doute du grand roi le trône accoutumé
S'élève dans ces lieux.... vain espoir qui m'abuse !
À se montrer déjà l'éternel se refuse :
Il est encor plus haut, par-delà les soleils,
Par-delà tous les cieux et leurs palais vermeils.
Arrêtons un moment.... aussi bien ma paupière
Ne s'ouvre qu'à regret et fuit tant de lumière.
Commandons, s'il se peut, à mes sens effrayés.
Quel amas d'univers sous mes pas déployés !
Que d'astres radieux, de sphères vagabondes !
Me voici seul, debout sur le sommet des mondes.
Invisibles témoins de mon secret effroi,
Habitants de ces bords, parlez, rassurez-moi.
Dans ce monde où bientôt dormira ma poussière,
L'homme ne vit qu'un jour de trouble et de misère ;
Les yeux à peine ouverts, il gémit et pressent
Les ennuis du séjour qu'il habite en passant,
Vous que déjà mon cœur chérit sans vous connaître,
Si loin du grain mouvant où le ciel me fit naître,
Partagez-vous, hélas ! Notre funeste sort ?
De douleurs en douleurs marchez-vous à la mort ?
Mais sans doute, étrangers aux passions humaines,
Un sang aérien fait palpiter vos veines.