Page:Baour-Lormian - Ossian, suivi des Veillées poétiques, 1827.djvu/312

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Tout s'émeut.... tout frémit.... dans l'espace arrêté,
Le temps même suspend son vol précipité.
Voici l'heure dernière ; une voix qui menace,
La voix du dieu vivant tonne au sein de l'espace :
« Fils des hommes, sortez de la profonde nuit ;
Le grand jour est venu ; l'éternité vous luit. »
Alors du fond des bois, des eaux et des vallées,
Les générations se lèvent désolées ;
Et deux rideaux de flamme, au même instant ouverts,
Offrent, dans sa splendeur, le roi de l'univers.
Sur un trône flottant, où l'or pur étincelle,
Il repose, entouré de sa garde fidelle ;
Dans sa main resplendit le glaive lumineux ;
Vingt soleils, à ses pieds, rassemblent tous leurs feux ;
Ses habits sont semés d'étoiles flamboyantes ;
Et l'éther réfléchit leurs clartés ondoyantes.
Mais le fatal arrêt est déjà prononcé ;
De la création le prodige a cessé.
L'homme seul, des tombeaux secouant la poussière,
Superbe, revêtu de force, de lumière,
S'élève et va s'asseoir dans le palais divin ;
Sur sa tête immortelle éclate un jour sans fin.
Tandis qu'à son bonheur les harpes applaudissent,
Que de l'hymne d'amour tous les cieux retentissent ;
Quel spectacle ici-bas ! Mille sombres vapeurs
Des astres de la nuit éclipsent les lueurs.
L'océan mutiné soulève les orages,
Gronde dans tous ses flots, franchit tous ses rivages.