Page:Baour-Lormian - Ossian, suivi des Veillées poétiques, 1827.djvu/337

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Elle daigne à ce prix vous pardonner tous deux,
Et vous combler des dons de sa magnificence.
Dites un mot, le sort va sourire à vos vœux. »
Ô puissances du ciel, soutenez Ophélie !
Relevez sa constance un moment affaiblie !
À genoux, et les bras vers le ciel étendus,
Elle prie. ô bonheur ! Ses vœux sont entendus.
Son oeil majestueux d'un feu pur étincelle ;
Dans tous ses traits éclate une noble fierté ;
Elle semble s'unir à la divinité,
Et commencer déjà sa carrière immortelle.
C'en est fait, dans son cœur il n'est plus de combats ;
Calme et s'abandonnant au zèle qui l'anime :
« Si ce n'est qu'à ce prix qu'on sauve la victime,
Et si le déshonneur ».... elle n'achève pas.
Gilfort désespéré s'élance dans ses bras,
Et brûle d'étouffer son dessein magnanime.

« Cruelle ! Lui dit-il, ah ! Si je te fus cher,
Si tu m'aimas jamais, arme-toi, prends ce fer,
Plonge-le dans mon sein : épargne à ma tendresse
L'aspect du coup fatal qui doit trancher tes jours !
Au nom de notre hymen, par nos jeunes amours,
Qu'à ton propre destin la pitié t'intéresse !
Si rien ne peut fléchir ton courage insensé,
Songe, songe du moins à ton malheureux père,
Et qu'un reste de sang, dans ses veines glacé,
Ne vienne point rougir la hache meurtrière.
Mais pourquoi te parler d'un père, d'un époux ?