Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/109

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de son amie, il eût été au moins surprenant qu’il ne l’examinât pas avec le plus grand intérêt. Tout à coup, à un endroit de la muraille qu’on ne pouvait apercevoir du lit et que l’ombre envahissait d’ordinaire, il entrevit un portrait dont la perception, si confuse qu’elle fût, lui donna une secousse. Cédant à une impulsion irrésistible, il se leva aussitôt et s’en approcha pour le mieux voir.

A la vue distincte de ce portrait, il s’arrêta frappé de stupeur et poussa une légère exclamation. Ce portrait, fort bien peint, était celui d’un homme encore jeune. Par suite de la pâleur du teint, de l’expression des yeux, de la grâce des lèvres, des cheveux noirs, longs et naturellement bouclés, l’ensemble en était séduisant. L’air doux de cette physionomie n’en excluait pas une teinte de cruauté qui, du reste, ne frappait qu’un homme attentif et exercé. Or, ces traits, ces yeux, cette expression, ce visage enfin était pour Max la révélation d’un fait bien autrement extraordinaire et mystérieux que tout ce qui l’avait étonné et inquiété jusqu’à ce jour dans l’existence de Clément et de Rosalie. Un moment, il voulut croire que la ressemblance d’un enfant, d’un enfant qu’il n’avait vu qu’une fois, avec cette figure, était extrêmement lointaine et qu’il était dupe de ses sens ou de ses souvenirs ; mais, à la suite d’un nouvel examen, longuement réfléchi, il comprit qu’il n’y