La vieille sourde entra. Clément l’interpella d’une voix forte. Marguerite répondit que c’était la nourrice avec l’enfant de madame. Rosalie jeta un cri qu’on pouvait prendre pour un cri de bonheur. Elle essaya de se lever, mais elle retomba aussitôt sur le dossier de sa chaise, tandis que ses gestes fébriles et l’animation de sa physionomie témoignaient d’une émotion extraordinaire. Clément, qui, contrairement au vœu constant de sa femme, voulait que l’enfant restât à Saint-Germain, se dirigea sur-le-champ vers l’antichambre, disant d’un air irrité :
« Qu’est-ce que cela signifie ? »
La nourrice avait suivi de près la vieille sourde ; elle entrait dans le salon avec l’enfant juste au moment où Clément allait en sortir. Il l’envisagea quelques secondes avec colère.
« Qui vous a commandé d’amener cet enfant ? lui dit-il ensuite d’un ton à faire trembler une femme moins brave.
— Ah ! monsieur, fit celle-ci avec vivacité, sans reculer d’un pas, votre enfant, je ne sais plus qu’en faire. Il ne décesse pas depuis un mois de pleurer le jour et la nuit, et d’appeler sa maman. Mon pauvre homme, qui fatigue dans les champs du matin au soir, ne peut plus dormir. Quant à moi, je suis sur les dents, j’en ai assez, et vous me donneriez bien cent francs par mois que je ne