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Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/121

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déjà moins soupçonneux, se relâcha sensiblement dans son espionnage et cessa d’avoir autant peur de la laisser seule avec Destroy.

Une après-dînée, Max, étant venu à une heure où Clément travaillait encore à son bureau, trouva Rosalie dans un état inquiétant. Elle avait les yeux hagards, les traits bouleversés ; ses gestes convulsifs accusaient des souffrances intolérables ; par intervalles, elle portait la main à sa poitrine et disait :

« Oh ! mon ami, que je souffre ! c’est du feu, du feu que j’ai là ! »

L’enfant la regardait d’un air qui n’avait rien d’humain.

Destroy ne savait que fixer sur elle un œil rempli de commisération.

Tout à coup, elle discontinua de se plaindre. Avec des peines infinies, elle parvint à se mettre sur son séant. A son air inspiré, on eût dit qu’elle puisait dans une espérance soudaine la force de dompter toutes ses douleurs.

« Écoutez-moi, cher Max, balbutia-t-elle d’une voix haletante : je mourrai peut-être demain, peut-être cette nuit ; je sens que ma fin est proche. Il dépend de vous, mon ami, d’adoucir mes derniers instants. J’ai commis de grandes fautes, oh ! oui, de bien grandes fautes, et je crois à la vie éternelle !… Je ne voudrais pas m’en aller sans pardon… Vous savez que Clément ne veut pas entendre parler de