Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/147

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ma main gauche, en appuyant fermement le pouce sur l’ouverture. Rosalie, changée en pierre, me regardait sans comprendre. Je m’approchai de Thillard. Des doigts de ma main libre je lui pinçai doucement les narines et le contraignis peu à peu d’ouvrir la bouche. Dès qu’elle fut béante, je lui versai l’acide dans la gorge. Il avala le contenu de la fiole d’une seule aspiration. En même temps, je me reculai de quelques pas.

« Le poison agit avec une promptitude foudroyante. Ce fut d’abord une violente secousse de tout le corps, puis des mouvements convulsifs effrayants. Il entr’ouvrit les yeux, agita les lèvres ; mais il ne proféra pas un son. Je redoutais des vomissements : il n’y en eut point. Quatre ou cinq minutes après il ne remuait déjà plus. Je m’approchai. Il était sans pouls et sans respiration ; une sueur visqueuse lui couvrait la peau ; les muscles de la face étaient affaissés. Je le croyais déjà mort, quand il s’agita de nouveau convulsivement. Mais c’étaient les derniers efforts de son agonie. La rigidité des membres m’avertit bientôt qu’il n’était plus réellement qu’un cadavre.

« Avec une terreur combattue par la cupidité, je songeai alors à explorer les vêtements de Thillard. Je m’imaginai, je ne sais pourquoi, que l’argent était dans sa valise. En cherchant la clef de cette valise dans l’un de ses goussets, je mis la