Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/20

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parfaite, aucun de ces contours arrêtés, délicats, qui donnent aux figures anglaises quelque chose de si froid ; le modelé en était gras, doux, harmonieux ; on n’y eût pas découvert l’ombre d’un pli. Un regard de ses yeux noirs produisait l’effet d’un éclair ; quand elle souriait, l’ivoire légèrement doré de ses dents ne faisait point mal sur le rouge des lèvres un peu fortes. Il semblait qu’elle rougit de ses charmes, par exemple, de sa chevelure brune, dont elle essayait, mais en vain, de dissimuler l’exubérance splendide ; de ses mains blanches coquettement enfouies sous des nuages de dentelles ; des courbes gracieuses de son pied que gardaient en jaloux les ombres de sa robe. Par-dessus cela, tout, dans ses mouvements, était souplesse et grâce, et du bout de son pied à l’extrémité de ses cheveux, les séductions ruisselaient vraiment de sa personne. Si, à la voir, le moins qu’on pût faire était de l’aimer, aux sons de sa voix musicale et sympathique, c’était miracle que cet amour n’allât pas jusqu’à l’adoration.

L’autre femme, avec sa grave et belle figure, encadrée de boucles blanches, comparables à des flocons de soie, avec ses yeux d’où la bonté coulait comme d’une source, était bien la digne mère de Mme Thillard. D’un mot, Destroy faisait de Mme Ducornet un éloge auquel on ne peut rien ajouter : « C’était, disait-il, une de ces rares femmes qui