Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/57

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— Y dîne-t-on bien ?

— Rien n’empêche que tu n’ailles t’assurer de cela par toi-même. »

Max n’avait pu voir Rosalie qu’après avoir été diverses fois chez Clément. A la vue de cette pauvre femme, il n’avait pas été moins frappé de surprise qu’ému de pitié. Rosalie, eu égard à sa nature de blonde, à ses traits fins et réguliers, à son tempérament froid, semblait destinée à conserver longtemps sa jeunesse et sa fraîcheur. Quand, deux années auparavant, elle resplendissait encore de tous les charmes extérieurs que peut envier une jeune femme, rien ne pouvait donc autant surprendre Destroy que de la retrouver pâle, amaigrie, exténuée, prête, en quelque sorte, à rendre le dernier soupir, et cela, sans qu’il fût possible de préciser sa maladie ou seulement son mal. Son œil, autrefois d’un bleu magnifique et d’une limpidité juvénile, était actuellement pâle et s’éteignait ; ses lèvres, dont jadis le rouge vif rappelait la fleur du grenadier, devenaient violettes et dessinaient une ligne sans grâce ; ses cheveux s’éclaircissaient et ne suffisaient déjà plus, en plusieurs endroits, à cacher la tête. On songeait à l’oiseau au moment de la mue, au rosier à l’automne, avec cette différence qu’il ne paraissait pas que la pauvre femme dût jamais reprendre des forces et refleurir.

Cependant la visite de Max, qu’elle accueillit avec