Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/96

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voisin sur l’absence prolongée de l’hôtesse. L’épicier présuma que la vieille femme avait été prise d’une indisposition subite dans sa chambre du fond. Plus hardi que les ouvriers, il pénétra dans cette chambre et y trouva effectivement la pauvre vieille renversée à terre et ne donnant plus aucun signe de vie. A l’une de ses mains pendait un trousseau de clefs, de l’autre elle serrait une pièce de vingt francs, et la direction de son corps indiquait qu’au moment de sa chute elle se disposait à ouvrir son armoire. Pendant qu’un autre voisin, pâtissier de son état, se chargeait d’éteindre les fourneaux, on courut chercher un médecin. Il en vint deux successivement. Le premier jeta un coup d’œil hâtif sur le cadavre et déclara aussitôt qu’elle était morte d’apoplexie foudroyante ; mais l’autre, moins pressé ou plus consciencieux, à la suite d’un examen attentif, constata à la figure et à la gorge des traces de violence, et affirma que cette vieille femme avait péri par la strangulation. Une instruction suivit… »

Le magistrat, à cet endroit, fit une pause pour reprendre haleine. Il s’établit un silence à faire supposer qu’un cauchemar oppressait toutes les poitrines. On put du moins mesurer la vivacité de l’intérêt et de l’impression que causait M. Durosoir.

« Mille francs, poursuivit-il, avaient disparu de l’armoire de la vieille femme. Un sarrau en toile bleue, trouvé sur le théâtre du crime, témoignait du