Page:Barbey d'Aurevilly-Les diaboliques (Les six premières)-ed Lemerre-1883.djvu/174

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de visage, comme la suite ne l’a que trop prouvé ?

« Il est bien entendu, mon très cher, que je suis obligé de passer rapidement sur tous les détails de cette époque, pour arriver plus vite au moment où réellement cette histoire commence. Mlle Hauteclaire avait environ dix-sept ans. L’ancien beau, La Pointe-au-corps, devenu tout à fait un bonhomme, veuf de sa femme, et tué moralement par la Révolution de Juillet, laquelle fit partir les nobles en deuil pour leurs châteaux et vida sa salle, tracassait vainement ses gouttes qui n’avaient pas peur de ses appels du pied, et s’en allait au grand trot vers le cimetière. Pour un médecin qui avait le diagnostic, c’était sûr… Cela se voyait. Je ne lui en promettais pas pour longtemps, quand, un matin, fut amené à sa salle d’armes, — par le vicomte de Taillebois et le chevalier de Mesnilgrand, — un jeune homme du pays élevé au loin, et qui revenait habiter le château de son père, mort récemment. C’était le comte Serlon de Savigny, le prétendu (disait la ville de V… dans son langage de petite ville) de Mlle Delphine de Cantor. Le comte de Savigny était certainement un des plus brillants et des plus piaffants jeunes gens de cette époque de jeunes gens qui piaffaient tous, car il y avait (à V… comme ailleurs) de la vraie jeunesse, dans ce