Aller au contenu

Page:Barbey d'Aurevilly-Les diaboliques (Les six premières)-ed Lemerre-1883.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chauve renvoyait la lumière d’un candélabre que les domestiques venaient, en cet instant, d’allumer au-dessus de sa tête, — si l’on jetait sur la comtesse de Stasseville un de ces bons regards physiologistes, — comme vous en avez, vous autres médecins, et que les moralistes devraient vous emprunter, — il était évident que tout, dans les impressions de cette femme, devait rentrer, porter en dedans, comme cette ligne hortensia passé qui formait ses lèvres, tant elle les rétractait ; comme ces ailes du nez, qui se creusaient au lieu de s’épanouir, immobiles et non pas frémissantes ; comme ces yeux qui, à certains moments, se renfonçaient sous leurs arcades sourcilières et semblaient remonter vers le cerveau. Malgré son apparente délicatesse et une souffrance physique dont on suivait l’influence visible dans tout son être, comme on suit les rayonnements d’une fêlure dans une substance trop sèche, elle était le plus frappant diagnostic de la volonté, de cette pile de Volta intérieure à laquelle aboutissent nos nerfs. Tout l’attestait, en elle, plus qu’en aucun être vivant que j’aie jamais contemplé. Cet influx de la volonté sommeillante circulait — qu’on me passe le mot, car il est bien pédant ! — puissanciellement jusque dans ses mains, aristocratiques et princières pour la blancheur mate, l’opale irisée des