Page:Barbey d'Aurevilly-Les diaboliques (Les six premières)-ed Lemerre-1883.djvu/309

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vrai de deux ou trois femmes, pourtant bien brouillées avec le naturel. Depuis longtemps, il les avait quittées ; mais, ma foi, pour cette occasion il leur revint. Les autres, qui se dominaient davantage, ne se permirent qu’un haut-le-corps, mais il fut presque convulsif.

« — Quel oubli et quelle oubliette ! — fit alors, avec sa légèreté qui rit de tout, cette aimable petite pourriture ambrée, le marquis de Gourdes, que nous appelons le dernier des marquis, un de ces êtres qui plaisanteraient derrière un cercueil et même dedans.

« — D’où venait cet enfant ? — ajouta le chevalier de Tharsis, en pétrissant son tabac dans sa boîte d’écaille. — De qui était-il ? Était-il mort de mort naturelle ? L’avait-on tué ?… Qui l’avait tué ?… Voilà ce qu’il est impossible de savoir et ce qui fait faire, mais bien bas, des suppositions épouvantables.

« — Vous avez raison, chevalier, — lui répondis-je, renfonçant en moi plus avant ce que je croyais savoir de plus que lui. — Ce sera toujours un mystère, et même qu’il sera bon d’épaissir jusqu’au jour où l’on n’en soufflera plus un seul mot.

« — En effet, — dit-il, — il n’y a que deux êtres au monde qui savent réellement ce qu’il en est, et il n’est pas probable qu’ils le publient, — ajouta-t-il, avec un sourire de côté. — L’un est ce