Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 1.djvu/185

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ma balafre restituée au visage du mari. Il consentit à me servir de témoin. « Il est fort probable — ajouta-t-il — que sir Reginald va venir me demander le service que vous réclamez de mon amitié. Vous avez bien fait de venir le premier. » Nous parlâmes longtemps de la Malagaise. J’épiais un peu, je l’avoue, ses sensations sur sa physionomie. Mais rien dans sa personne, ni dans ses paroles, ne trahit la discrétion d’un homme heureux.

« Le lendemain, à neuf heures, nous étions au hameau de Boulainvilliers, le comte de Mareuil, le comte de Cérisy qu’il s’était adjoint et moi. En allant, Mareuil m’avait raconté que ses prévisions s’étaient justifiées, et que sir Annesley l’avait prié la veille au soir de l’assister dans son duel. « Il se sera probablement — dit le comte — adressé, sur mon refus, à quelque compatriote en voyage, car il ne connaît personne à Paris. »

« Au moment où nous entrions par une extrémité dans le chemin bordé de peupliers que nous avions choisi pour notre rendez-vous, nous vîmes arriver, à l’autre extrémité de ce chemin, la calèche anglaise de sir Reginald Annesley. Elle vint à nous du trot léger des deux magnifiques chevaux alezan qui la traînaient. C’était un véritable gentleman que sir Reginald Annesley. Quand il s’agissait d’un