Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/103

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brassait vainement le front dans lequel elle eût voulu faire entrer toute l’expérience de sa vie, et l’expérience de toute sa vie lui rappelait tout bas quelle est, quand il s’agit de l’âme, la stérilité des conseils !

Heureusement, Marigny, en rentrant au salon, les tira du silence et de la tristesse dans lesquels elles allaient chavirer. Il rentra, un flambeau à la main. La lumière de sa présence pénétra dans leurs âmes, mieux que dans leurs yeux la lumière de son flambeau. Ô puissance de la vie intime, magie d’être ensemble, influence du rapprochement des cœurs qui s’aiment, dans les quatre pas d’un salon ! Elles redevinrent gaies et légères. L’une oublia madame de Mendoze et l’autre ses pressentiments. Leur bonheur menacé, ce soir-là, par le je ne sais quoi qui est peut-être le commencement du malheur, resta inaltérable ; — ce bonheur qu’il n’est pas donné à l’homme de décrire autrement qu’en répétant mille fois son nom !