Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/35

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l’approcha de ses yeux, la regarda encore, hocha la tête :

— « C’est un abominable griffonnage, — s’écria-t-elle. — Ma foi ! marquise, je ne connais personne qui écrive comme cela.

— C’est — reprit la marquise — une écriture de femme…

— … De chambre, — interrompit madame d’Artelles.

— Non, — dit la marquise. — Les femmes de chambre ne plient pas ainsi leurs missives, et n’ont pas de cachet comme celui-ci. Voyez plutôt ! »

Elles avaient presque raison toutes les deux. C’était bien une écriture de femme, irrégulière, peu lisible, mais non tremblée. Elle indiquait plutôt une main nerveuse et hardie. C’était une de ces écritures qu’on appelle extravagantes, avec de grandes lettres au milieu des mots ; l’opposé, comme l’avait bien vu madame d’Artelles, de ces traits élégants, imperceptibles et penchés dont le caractère est de n’avoir point de caractère, dignes par conséquent de servir d’expression aux femmes comme il faut, qui n’en ont pas davantage.

Mais ainsi que l’avait observé madame de Flers, la lettre était pliée d’une manière aristocratique et irréprochable, parfumée d’une