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dame d’Artelles, — tu te trompes, si tu crois réussir. M. de Marigny est encore fort amoureux de sa femme, et tu en seras pour les frais de style et de charmante écriture de tes poulets ! »

Madame de Flers ne put s’empêcher de sourire, en voyant la joyeuse sécurité de madame d’Artelles. Elle se demandait si cette femme qui plaisantait était bien la même qui s’était opposée avec une si extrême obstination à l’union de Marigny et d’Hermangarde. Celle qui avait toutes les terreurs avait maintenant toutes les confiances. Madame de Flers connaissait trop la nature humaine pour s’en émerveiller. Une véritable réaction s’était opérée en madame d’Artelles. Le propre de toute réaction n’est-il pas de jeter l’esprit dans l’extrémité opposée à celle où il s’était d’abord précipité ? Comme la confiance de la marquise avait été plus fondée que les défiances de madame d’Artelles, son inquiétude était plus raisonnable que la sécurité actuelle de son amie. Sa raison, ou pour mieux parler, ses sensations la trompaient moins. On l’a dit déjà, mais ce n’est pas trop que de le répéter, la marquise était supérieure à madame d’Artelles, malgré l’opinion des jugeurs du faubourg Saint-Germain, qui croyaient avoir saigné à blanc leur bienveillance pour elle, quand ils avaient avoué