Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/70

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la señora depuis le mariage de M. de Marigny, et elle m’a paru très calme, très au-dessus, en apparence, de l’événement accompli : mais qui sait ? peut-être, au fond, le diable n’y perdait-il pas. Elle n’était point agitée, mais était-elle indifférente ? Elle avait cette tranquillité que je lui ai toujours vue, quand il s’est agi du mariage de son ancien amant : la sécurité d’un être parfaitement sûr de son fait, et qui aurait foi dans une étoile. Il faut que je vous raconte cette visite, ma chère comtesse. J’avais toutes sortes de motifs pour la lui faire : motifs de curiosité, motifs de rancune ; car j’ai toujours sur le cœur la manière dont elle m’a traité un certain soir que j’allais chez elle par votre ordre. Vous en souvenez-vous ?… Elle fut impertinente ; je ne pus l’entamer ; et je jouirais profondément de l’occasion qui me permettrait de lui payer cette vieille dette. De plus, j’avais entendu dire… une chose inouïe, aussi étonnante que votre opinion d’à présent sur M. de Marigny ! que le jour du fameux mariage, on avait vu, après la cérémonie, la señora Vellini descendre du perron de Saint-Thomas d’Aquin avec la comtesse de Mendoze. On assurait qu’elles étaient montées dans la même voiture toutes les deux. Qui disait cela ? Qui avait vu cela ? On ne nommait personne, mais cela se racontait tout bas, quoique chacun dît tout