Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/110

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est-elle en effet arrivée, pour que ce soit un mot profond et juste que celui-ci, dit à propos d’un Dandy comme Brummell : Il déplaisait trop généralement pour ne pas être recherché[1] ? Ne reconnaît-on pas là le besoin d’être battues qui prend quelquefois les femmes puissantes et débauchées ? Est-ce que la grâce simple, naïve, spontanée, serait un stimulant assez fort pour remuer ce monde épuisé de sensations et garrotté par des préjugés de toute sorte ? Si l’on restait parfaitement soi dans un tel milieu, que serait-on ? à peine aperçu par quelques âmes d’élite, restées saines et grandes[2] : public, hélas ! bien incertain. Or on est vaniteux, on veut l’approbation des autres ; mouvement charmant du cœur humain que l’on a trop calomnié. C’est toute l’explication peut-être des affectations du Dandysme. Il ne serait donc, en définitive, que la grâce qui se fausse pour être mieux sentie dans une société

  1. Bulwer, dans Pelham.
  2. Comme cette miss Cornel, par exemple, cette actrice que Stendhal a tant vantée. Mais pour s’apercevoir de la grandeur simple de cette âme, rare comme un diamant noir à Londres, il fallait Stendhal, c’est-à-dire un homme spirituellement positif jusqu’au machiavélisme, mais qui aimait le naturel comme certains empereurs aimaient l’impossible.