Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/133

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superbement femme, et le roi, qui sait le fond des choses, a honte de son idée et finit par y renoncer. Seulement Lauzun, lui, feint de croire, avec l’intelligence d’un diable qui connaît les femmes, que Mademoiselle désire ce mariage, et il le lui conseille… C’est alors que, n’y tenant plus, Mademoiselle fait l’aveu de son amour à Lauzun lui-même… ; mais à travers quels embarras et quelles pudeurs ! Cette fière fille a des enfances de cœur divines. Lui ne se départ point de son système. Quand il est parfaitement sûr qu’elle va tout lui dire, il ne veut rien entendre. Il la supplie de garder sa confidence.

« Il me répondit, dit-elle, que je le faisais trembler. Si, par caprice, je n’approuve pas votre goût, résolue et entêtée comme vous l’êtes, je vois bien que vous n’oserez plus me voir. Je suis trop intéressé à conserver l’honneur de vos bonnes grâces pour écouter une confidence qui me mettrait au hasard de les perdre. Je n’en ferai rien, et je vous supplie de ne plus me parler de cette affaire… »

Mais il savait bien comment embraser le désir, cet incendiaire ! Moins il veut entendre et plus elle veut dire… Un jour, parlant toujours de la même chose : « J’eus envie de souffler sur le miroir, raconte-t-elle ; cela épais-