Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/25

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n’est point cette autre espèce, qui, sous le nom de Dandysme, cherche depuis quelques temps à s’acclimater à Paris. L’une est la forme de la vanité humaine, universelle ; l’autre, d’une vanité particulière et très particulière : de la vanité anglaise. Comme tout ce qui est universel, humain, a son nom dans la langue de Voltaire ; ce qui ne l’est pas, on est obligé de l’y mettre, et voilà pourquoi le mot Dandysme n’est pas français.

Il restera étranger comme la chose qu’il exprime. Nous avons beau réfléchir toutes les couleurs : le caméléon ne peut réfléchir le blanc, et le blanc pour les peuples, c’est la force même de leur originalité. Nous posséderions plus grand encore le pouvoir d’assimilation qui nous distingue, que ce don de Dieu ne maîtriserait pas cet autre don, cette autre puissance, ― le pouvoir d’être soi, ― qui constitue la personne même, l’essence d’un peuple. Eh bien ! c’est la force de l’originalité anglaise, s’imprimant sur la vanité humaine, ― cette vanité ancrée jusqu’au cœur des marmitons, — et contre laquelle le mépris de Pascal n’était qu’une aveugle insolence, ― qui produit ce qu’on appelle le Dandysme. Nul moyen de partager cela avec l’Angleterre. C’est profond comme son génie même. Singerie n’est pas