Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/64

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oseur qui a du tact, qui s’arrête à temps et qui trouve, entre l’originalité et l’excentricité, le fameux point d’intersection de Pascal. Voilà pourquoi Brummell ne put se plier aux contraintes de la règle militaire, qui est un uniforme aussi. Sous ce point de vue, il fut un détestable officier. M. Jesse, cet admirable chroniqueur qui n’oublie pas assez, raconte plusieurs anecdotes sur l’indiscipline de son héros. Il rompt les rangs dans les manœuvres, manque aux ordres de son colonel ; mais le colonel est sous le charme. Il ne sévit pas. En trois ans, Brummell devient capitaine. Tout à coup son régiment est commandé pour aller tenir garnison à Manchester, et, sur cela seul, le plus jeune capitaine du plus magnifique régiment de l’armée quitte le service. Il dit au prince de Galles qu’il ne voulait pas s’éloigner de lui. C’était plus aimable que de parler de Londres ; car c’était Londres surtout qui le retenait. Sa gloire était née là ; elle était autochtone de ces salons où la richesse, le loisir et le dernier degré de civilisation pro-

    matière de Dandysme, quelques principes et quelques traditions ; mais tout cela est dominé par la fantaisie, et la fantaisie n’est permise qu’à ceux à qui elle sied et qui la consacrent, en l’exerçant.