Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/88

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ressentiment ou d’envie de nuire à personne, excepté, maintenant que j’y pense, au beau Brummell, qui m’a menacé l’an dernier avec colère de me faire rentrer dans le néant, et d’introduire, à ma place, dans la fashion, le vieux roi George. » Ces vers offensants ne donnaient-ils pas raison au propos tenu par le roi des Dandys, sur le Dandy royal, au colonel Mac-Mahon : « Je l’ai fait ce qu’il est, je peux bien le défaire » ; et ne prouvaient-ils pas jusqu’à l’évidence combien le pouvoir d’opinion qu’exerçait ce Warwick de l’élégance lui appartenait en propre et à quel point il était indépendant et souverain ? Une autre preuve encore plus éclatante de ce pouvoir fut donnée, en cette même année 1813, par les chefs du club Watier, qui, préparant une fête solennelle, mirent en sérieuse délibération s’ils inviteraient le Prince de Galles, par cela seul qu’il était brouillé avec G. Brummell. Il fallut que Brummell, qui savait mettre de l’impertinence jusque dans ses générosités, insistât fortement pour que le Prince fût invité. Sans nul doute, il était bien aise de voir chez lui (puisqu’il était du Club) l’amphitryon qu’il ne voyait plus à Carlton-House, de se ménager ce face-à-face en présence de toute la jeunesse dorée de l’Angleterre ; mais le Prince, au-