Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/116

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avaient délivré Des Touches !… Mais, mademoiselle, — fit-il encore en se ravisant, — je vous demande pardon, je n’y pensais pas… En fait de héros, les chouans comptaient donc treize à la douzaine, puisque vous n’avez pas dit votre nom parmi le nom des Douze, et que pourtant vous en étiez.

— Non, répondit la vieille historiographe sans plume, et qui ne l’était que de bec, je n’en étais pas, monsieur de Fierdrap. Je ne fus point de la première expédition des Douze ; je n’ai été que de la seconde, et vous saurez pourquoi tout à l’heure, si vous me permettez de continuer.

La première ne parut d’abord douteuse à personne. On ne comptait, pour toute garnison à Avranches, que ce bataillon de Bleus, qui avaient pris Des Touches et l’avaient amené à la prison de cette ville, la plus rapprochée de l’endroit où ils l’avaient surpris et capturé, car, vertu de ma vie ! lorsqu’on parle de ce Des Touches, qui valait bien dans ce moment-là le prix d’un vaisseau de ligne pour le roi de France, on peut bien, ma foi ! dire capturé. Des Touches n’était pas un simple prisonnier, c’était une capture ! Juste Le Breton se cassait la tête pour savoir comment ils avaient pu le prendre, lui, ce Samson sans Dalila ! lui, la Guêpe, lui, le farfadet ! Mais le fait était là…